La première journée territoriale de l’obésité Sud-Aquitaine, qui s’est déroulée vendredi 8 décembre au Casino de Salies de Béarn (Pyrénées-Atlantiques), fut l’occasion pour Aurélie Quillet, psychologue, membre du Conseil de Patients et formatrice de la LCO, d’annoncer le lancement d’une nouvelle formation proposée par la Ligue : « Prise en charge sexuelle et affective des personnes en situation d’obésité ». Celle-ci aura lieu les 21 et 22 mars 2024 et sera animée donc par Aurélie Quillet mais aussi par l’association Nuage qui accompagne, via son réseau de professionnels du droit et de la santé, les victimes de violences sexuelles.

« Trop de traumatismes »

« Nous allons ouvrir la réflexion sur la santé sexuelle chez les personnes en situation d’obésité, explique la psychologue. Le sujet est tabou et pourtant cela ne doit pas l’être ; nous devons identifier les incidences sexuelles sur l’obésité et orienter les patients concernés. » Bref, il faut en parler, briser le silence, car trop de souffrances et de traumatismes sont avoués lors de témoignages recueillis par les professionnels de santé. « Le rapport qu’entretient la personne en situation d’obésité avec son corps, mais également la fonction de celui-ci dans le rapport à l’autre doivent être repérés et accompagnés. La personne sera aidée à exprimer le vécu douloureux de la prise de poids et son rapport à la sexualité », ajoute Aurélie Quillet.

Les conséquences sur la vie sexuelle des femmes et des hommes en situation d’obésité ont été trop peu explorées, à l’exception d’une large étude déclarative sur le « Contexte de la sexualité en France » (12 000 hommes et femmes de 18 à 65 ans), menée dans le cadre de l’Inserm en 2010. Ainsi, parmi les répondants, 3 651 femmes et 1 488 hommes étaient en situation de surpoids (IMC entre 25 et 30) et 411 femmes et 350 hommes en situation d’obésité (IMC supérieur à 30). Plusieurs problématiques ont été relevées. Cette étude a démontré, pour la première fois, le lien entre indice de masse corporelle (IMC) et activité sexuelle, mais aussi entre IMC et santé sexuelle du point de vue de la satisfaction.

Trois fois moins de chances d’avoir un partenaire sexuel…

Chez les jeunes femmes en situation d’obésité, peut-on lire sur le site de la Haute Autorité de Santé (HAS), aucun problème fonctionnel n’était associé à l’obésité, mais chez les moins de 30 ans, on a constaté moins de consultations pour contraception, moins de recours à la pilule et quatre fois plus de grossesses non désirées que chez les autres femmes. Elles sont plus nombreuses à utiliser des méthodes contraceptives moins efficaces, comme le retrait. Les femmes qui ont un IMC > 30 ont eu trois fois moins de chances d’avoir eu un partenaire sexuel dans les douze derniers mois, quel que soit leur âge. Leur obésité semble peser dans le choix de leur partenaire, celui-ci est en situation d’obésité (ou de surpoids), lui aussi, 7 fois/10, alors que les hommes en situation d’obésité ont, dans 4 fois/10, une ou un partenaire au poids élevé ou très élevé.

Les femmes avaient aussi plus souvent rencontré leur partenaire sur internet où le poids peut être caché, mais comporte le risque de mauvaises rencontres, de visionnage de films pornographiques. Les femmes considéraient moins souvent que les hommes leur sexualité comme importante pour l’équilibre personnel. Selon les auteurs de l’étude, les résultats ont pu s’expliquer par la pression sociale, une estime de soi diminuée et des préoccupations quant à son image corporelle.

Dysfonction érectile

Le poids a aussi un impact sur la sexualité des hommes. Chez ceux en situation d’obésité, des difficultés fonctionnelles (dysfonction érectile) sont rapportées deux fois et demie plus souvent. Chez les jeunes hommes, davantage d’infections sexuellement transmissibles sont constatées. Des problèmes que ne rencontrent pas plus les femmes en situation d’obésité que les autres. Le psychologue repère le rapport au corps et aide la personne « à exprimer le vécu douloureux de la prise de poids », indique encore Aurélie Quillet, et cherche « à déceler des signes évocateurs d’une situation de maltraitance sur le plan physique, psychologique, sexuel ».

  Pour tout savoir sur la formation « Prise en charge sexuelle et affective des personnes en situation d’obésité », cliquez ici.